Fédération Wallonie-Bruxelles Culture Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles Marmaille and Co Visitez notre Musée virtuel

Vous êtes ici: Les thèmes > Les eaux minérales

Les eaux minérales

Mis à jour le 28 février 2014 par Patrick

L’étymologie du mot Spa vient vraisemblablement du mot latin sparsa fontana (fontaine jaillissante) tandis que d’autres éléments laissent croire que les sources spadoises étaient connues des Romains.

Au Moyen Age, saint Remacle, évêque et apôtre de l’Ardenne, avait la réputation de pouvoir purifier les fontaines et faire jaillir les sources sacrées. Son nom est associé aux sources spadoises et l’une d’entre elles, la Sauvenière, possède toujours l’empreinte du pied du saint homme.


Les véritables curistes arrivent au 16e siècle. C’est également de cette époque que datent les premiers écrits médicaux consacrés aux sources spadoises. En tout premier lieu, Gilbert Lymborh, médecin personnel du prince évêque de Liège, qui, dans son traité Des fontaines acides de la forest d’Ardenne (1559), recommande vivement les eaux de Spa. Traduite en latin, en espagnol et en italien, cette oeuvre marque le début de la renommée internationale des sources spadoises.

C’est sans conteste, le séjour du tsar Pierre le Grand en 1717 qui va lancer la vogue de la cure thermale. Le prestige de sa venue et l’attestation de sa guérison vont asseoir la réputation de la station thermale et y drainer l’aristocratie européenne.

Cherchant un remède à leurs maux ou sous prétexte de cure, les bobelins -appellation locale des curistes - arrivent en grand nombre pour la saison d’été et transforme Spa en « Café de l’Europe » selon une expression de l’époque. Les noms et qualités de ces illustres visiteurs sont parvenus jusqu’à nous et sont gravés dans la pierre de la Cascade monumentale ou figurés (représentés) sur le Livre d’or, le tableau d’Antoine Fontaine.

A cette époque, on pratique surtout la cure interne (crénothérapie) c’est-à-dire l’ingestion de grandes quantités d’eau minérale prescrite par les médecins locaux dont le plus connu est Jean-Philippe de Limbourg. Les quantités ingérées sont impressionnantes. Pour ce faire, le curiste se procure un cadran en ivoire qui comptabilise le nombre de gobelets consommés. Il se munit également d’une bergamote, sorte de bonbonnière aussi appelée orangette, qui contient des carminatifs c’est-à-dire des baies ou des graines (carvi, anis, cardamome...) qui font oublier l’arrière-goût de l’eau ferrugineuse et aident à la digestion de cette eau très minéralisée.

Il existe déjà quelques rares établissements de bains privés où se pratique la cure externe (balnéothérapie) autrement dit les bains d’eau minérale. Celui du pharmacien Briart établi tout à côté de la source du Tonnelet proposait notamment des bains froids, chauds ou tempérés.

Le premier Etablissement de bains officiel date de 1828. Pour ce faire la Ville de Spa transforme l’ancienne douane. Inadéquat, le bâtiment qui se situait au centre de l’actuelle place de l’Hôtel de Ville, ne garde cette fonction qu’une dizaine d’années.

Un deuxième Etablissement de bains destiné à satisfaire les exigences des curistes est construit en 1841 place Royale. Malheureusement, dès sa mise en fonction, on décèle de nombreux défauts de conception et l’on doute même de sa stabilité.


C’est finalement en 1868 qu’a lieu l’inauguration de l’édifice conçu par l’architecte bruxellois Léon Suys. Dû à l’initiative et à la ténacité du bourgmestre Joseph Servais, cet établissement est à la pointe du progrès. Lors de son ouverture, il dispose de 54 baignoires équipées d’un système de chauffage, de douches, de salles d’hydrothérapie et son équipement sera complété et modernisé au fil du temps, notamment par l’adjonction d’une piscine et la création d’un laboratoire d’analyse médicale en 1931.

Depuis 2003, sur la colline dominant Spa, c’est un établissement flambant neuf axé essentiellement sur la remise en forme et le bien-être qui accueille les curistes contemporains. On y pratique cependant toujours les bains traditionnels qui ont assis la réputation de notre cure thermale : le bain carbogazeux, préparé dans une baignoire en cuivre, utile dans les affections cardiovasculaires et l’hypertension artérielle et le bain de tourbe, efficace pour les affections rhumatismales.

Aujourd’hui on boit encore l’eau des sources mais elle est commercialisée par la firme Spa-Monopole et ce, depuis 1921.


Le transport et la commercialisation de l’eau de source sont attestés depuis le 16e siècle à Spa. On utilisait des bouteilles plates, sombres et clissées pour le transport qui se faisait par porteurs munis de hottes. L’eau était généralement transportée de nuit afin de conserver au maximum ses vertus. Il est assez étonnant de voir la progression des exportations attestées par des documents d’archives : Italie (1585), Angleterre (1600), Russie (1600), Etats-Unis (1700), Amérique latine (1737)…

Les bouteilles étaient cachetées et un certificat d’authenticité accompagnait chaque envoi car la contrefaçon était monnaie courante. Des marchands peu scrupuleux, profitant du succès des eaux spadoises, embouteillaient de l’eau puisée dans des sources proches et la faisait passer pour de la Spa « authentique ».


Au 19e siècle, l’eau est conditionnée dans des cruchons en grès. Viennent ensuite l’adoption du système métrique et l’apparition des bouteilles étiquetées à fond plat qui formalisent le passage de l’eau médicinale à l’eau de table.


Grâce à ses eaux minérales, Spa est connu dans le monde entier…ou du moins son nom ! Cette « popularité », Spa la doit aux médecins anglais venus au 17e siècle pour étudier la composition des eaux locales. De retour en Angleterre, ils accolèrent le nom de Spa à toutes les sources ou stations thermales qu’ils souhaitaient promouvoir et dont les eaux présentaient les mêmes caractéristiques ou tout au moins des propriétés curatives. Petit à petit, dans les pays anglo-saxons, le nom de Spa va devenir un nom commun (spa-drinker, spa-well, spa-diet…) pour nous revenir comme synonyme de bien-être au sens large (remise en forme, massage, thermalisme…). Malheureusement, l’origine même du nom est largement ignorée à tel point que certains auteurs contemporains traitant de ces matières sont offusqués par cette revendication somme toute bien légitime !