Le musée vir[us]tuel - 24
Statue de Saint-Remacle
Voici une sculpture qui ne fait pas encore partie des
collections du musée mais qui va bientôt les rejoindre.
C’est une très longue histoire…
Nous sommes en 1996, Colette Henrard-Sequaris, alors
échevine de la Culture, contacte l’IRPA (Institut du
Patrimoine Artistique) au sujet d’une statue de Saint-
Remacle provenant de la chapelle de la Roche.
Cette chapelle est située à mi-chemin entre la route de la
Géronstère et l’avenue de la Havette. Les anciens
Spadois la nommaient la « chapelle Spailier » car cette
famille s’est longtemps occupée de son entretien. Les
demoiselles Delvaux ont rendu les clés à la Ville vers
1980.
Il semble que ce soit la mise sur pied de l’exposition
« Saint Remacle, l’Apôtre de l’Ardenne » qui éveilla
l’attention sur cette statue. Le clou de cette exposition,
organisée en 1995 dans l’église Notre-Dame et Saint-
Remacle de Spa, était une autre statue du même saint et
qui provenait d’une autre chapelle (chapelle Leloup) et
qui venait elle aussi d’être restaurée par l’IRPA. Il y a de
quoi confondre…
Mais, revenons à l’IRPA. Les examens stratigraphiques
de l’étude préalable révélèrent que la sculpture comptait
14 couches successives. Pour la plupart des badigeons
blancs mais aussi « une polychromie ancienne,
directement sur le bois, intéressante de par sa
technique ».
Il s’agit de la technique dite « de l’aventurine », découverte sur les vêtements du personnage.
Ce type de polychromie est typique du 18
e
siècle mais notre statue date du 16
e
siècle ! Le
terme « aventurine » fait référence au minéral caractérisé par la présence de paillettes
scintillantes dans sa masse. Ici, il s’agit « de paillettes en
verre cristallin (verre au plomb) fixées dans une couche
huileuse ».
Motivé par cette particularité, l’IRPA accepta de réaliser
la restauration. Cet avis favorable était cependant assorti
de l’obligation de payer une partie du travail puisque
cette œuvre était, croyait-on, une propriété privée.
La restauration commença et de l’eau coula sous les
ponts…
En 2001, une première relance de l’IRPA vers la Ville de
Spa resta sans réponse.
En 2008, ils s’adressèrent au musée qui prit le dossier
en charge mais les conditions de restauration avaient
changé. Désormais l’IRPA demandait une commission
d’environ 20 % de la valeur du travail de restauration,
même pour un bien public. Dès lors, deux options étaient
possibles : soit on laissait les choses suivre leur cours et
le dégagement durait encore 20 ans, sachant que c’était
uniquement des stagiaires qui le réalisaient, soit nous
trouvions un financement permettant de rémunérer
partiellement les heures d’un professionnel.
Faute de budget, la première option s’imposa. On
chercha des pistes pour ramener « notre » Saint-
Remacle le plus rapidement possible : le fonds Courtin-
Boucher ? Très délicat car nous y étions en concurrence
avec un autre dossier spadois. Un autre fonds de la
Fondation Roi Baudouin ? Impossible car la restauration était déjà en cours. Un financement
participatif (crownfounding) ?
Et de l’eau passa sous les ponts…
Ce temps fut mis à profit pour clarifier le statut canonique de la chapelle de la Roche et pour
déterminer le(s) propriétaire(s) de son contenu. Les différents avis autorisés confirmèrent qu’il
s’agissait bien de patrimoine communal, immobilier et mobilier.
Puis, en 2017, on relança le dossier. Le premier pas fut de renoncer à dégager l’entièreté de
la statue. La photo ci-dessus, prise en 2017, montre le travail en cours. Pour atteindre ce
stade, plus de 3000 heures ont été nécessaires. Le reste du dégagement concernera les
parties essentielles pour la compréhension de l’œuvre (visage, main, etc.) tandis que le côté
de la chasuble et le dos resteront blanc et conserveront les fenêtres des sondages
stratigraphiques, qui offrent un intérêt didactique indéniable.
Le coût de la restauration s’en trouva fort allégé et se sont les quelques bénéfices de
l’exposition Guerre & Paix qui le financèrent.
Le 2 avril dernier, notre Saint-Remacle fêtait le 24e anniversaire de sa présence à l’IRPA. Le
record, détenu par un tableau, est 26 ans.
A l’inverse de nous, pauvres mortels, qui attendons le déconfinement pour sortir de chez nous,
Saint-Remacle l’attend pour rentrer chez lui…
Dimensions : hauteur : 107 cm / largeur : 41 cm / profondeur : 32 cm
Epoque : 16
e
siècle
Technique : chêne sculpté et peint
N° d’inventaire : S.N.
Photographies : Cliché IRPA et MC Schils
Bibliographie :
Dossier d’offre de prix de l’IRPA daté du 20 novembre 2017
Schils, MC, Une œuvre énigmatique : le vitrail de la chapelle de la Roche, in HAS n° 141
Spailier, Claudine, Chapelle de la Roche dite aussi Chapelle Spailier !, in Réalités 366, août
2015.
Pour aller plus loin :
http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=KN001911&objnr=10074652&nr=2
© Musées de la Ville d’eaux
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Revue Histoire & Archéologie spadoises,
48 p., parution 3 x par an, 15 €
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?rubrique60
Prochaine exposition temporaire :
Destination Spa. Les plaisirs de la villégiature à la Belle Epoque
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?article448