Ecoutez la voix de son maître:
Le musée vir[us]tuel - 23
Meuble gramophone
Le son que vous entendez est celui émis par le
gramophone qui fait l’objet de cette capsule. [Si
vous n’entendez rien, cliquez sur la petite fenêtre
qui apparaît en haut de votre écran]
Il se présente sous la forme d’un petit meuble
élégant en acajou satiné qui ne déparait en rien
les salons dans l’entre-deux-guerres. Le plateau
est protégé par un couvercle à charnières qui
pouvait être fermé à clé (disparue). Le corps du
meuble est composé de deux casiers latéraux
pour le rangement des disques et de deux portes
centrales placées devant l’orifice du pavillon :
fermées, le volume du son est modéré ; ouvertes,
le volume est vraiment très amplifié. On distingue
trois tablettes qui ont la particularité d’être
inclinées afin de diffuser le son vers le haut. Enfin,
sur le côté droit, une manivelle permet de tendre
les ressorts qui actionnent le plateau.
Cette pièce nous a été offerte par les
propriétaires d’une villa spadoise. Ce type
d’appareil devait certainement être assez courant
dans les résidences cossues de la cité thermale.
Il a été acheté à Liège chez « B. Imhof », un
magasin du Passage Lemonnier, spécialiste des « Machines Parlantes » ainsi que le précise
l’étiquette du vendeur.
Quant au fabricant, il est nettement plus connu puisqu’il s’agit de la firme anglaise « His
Master’s Voice ». Son logo est visible juste au-dessus de la charnière.
Plongeons-nous un instant dans l’histoire des techniques…
En 1877, l’Américain Thomas Edison dépose un brevet pour un procédé technique
« permettant la traduction analogique des vibrations émises par les ondes sonores ». Il s’agit
du phonographe dont les sons proviennent d’un cylindre. Une grosse quinzaine d’années plus
tard, Emile Berliner, un Allemand installé aux USA, fait breveter le gramophone qui a la
particularité de lire un disque plat. Les deux systèmes d’écoute cohabitent encore au début du
20
e
siècle mais rapidement le gramophone va l’emporter car le disque est de meilleure qualité
et facilement reproductible en grande quantité.
Le visuel « His Master’s Voice » est en fait le sujet d’un
tableau réalisé par le peintre anglais Francis Barraud
(1856-1924). La toile originale montrait Nipper, le chien de
son frère Mark, installé devant un phonographe
cylindre, donc). Pour comprendre, il faut savoir qu’au
décès de son frère, le peintre Barraud « hérita » du chien
Nipper, d’un phonographe et d’un cylindre était
enregistrée la voix de Mark, l’ancien maître du chien.
Ainsi, le tableau immortalise Nipper qui, par le biais du
phonographe, entend la voix de son maître décédé.
Une société, qui fabriquait des phonographes mais voulait se lancer sur le marché des
gramophones, se montra intéressée par l’œuvre mais demanda à Barraud d’adapter son
tableau en remplaçant le phonographe par un gramophone. Ce fut chose faite et la société en
fit sa marque de fabrique.
Voilà comment naquit ce logo, certainement l’un des plus
célèbres de l’histoire de la publicité. Il eut tant de succès
que la filiale britannique de la société The Gramophone
Company choisit d’adopter ce nom devenu « La voix de
son maître » dans les pays francophones.
On retrouve notre gramophone dans le catalogue « La
voix de son maître » de 1923. Il s’agit du modèle 250 « à
double ressort, frein automatique, régulateur et indicateur
de vitesse » muni d’un nouveau modèle de diaphragme.
Une version électrique de l’appareil était aussi disponible.
Le fonctionnement du gramophone est relativement
simple. Une aiguille suit le sillon gravé du disque,
transmettant des vibrations à une membrane en mica
(diaphragme) qui forme des sons amplifiés par le pavillon.
Le moteur à remontage mécanique assure l’entrainement
du plateau et le régulateur permet une vitesse constante,
c’est-à-dire 78 tours par minute.
Cet été, notre meuble gramophone sera présent dans l’exposition « Destination Spa ». Qu’on
se le dise…
Dimensions : hauteur : 88 cm / largeur : 72 cm / profondeur : 51 cm
Epoque : vers 1923
N° d’inventaire : G1031 (don de M. et Mme Dierichs-Bongartz 2013)
Photographies : MC Schils (2020)
Bibliographie :
https://www.etymo-logique.com/le-mot-du-jour/la-voix-de-son-maitre/
https://en.wikipedia.org/wiki/His_Master%27s_Voice
Pour rire un peu :
https://www.arte.tv/fr/videos/084714-017-A/a-musee-vous-a-musee-moi/
© Musées de la Ville d’eaux
Si vous désirez lire nos autres capsules « Vir(us)tuel »
Le Musée de la Ville d’eaux vous propose aussi…
Revue Histoire & Archéologie spadoises,
48 p., parution 3 x par an, 15 €
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?rubrique60
Prochaine exposition temporaire :
Destination Spa. Les plaisirs de la villégiature à la Belle Epoque
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?article448