Le musée vir[us]tuel - 14
Une collection de cartes porcelaine
Croisement entre une carte
de visite et un carton
publicitaire, la carte dite
« porcelaine » connaît une
grande vogue entre 1840 et
1865. En Belgique, cette
période coïncide en gros
avec le règne de Léopold Ier
(1831-1865).
Il semble que ces estampes
soient une spécialité belge
leur production fut
beaucoup plus importante
qu’en Allemagne, en
Angleterre ou en France.
Dès lors, Ce n'est pas
étonnant que les Spadois,
hôteliers et commerçants, aient utilisé ce procédé publicitaire. Le modèle le plus simple devait
être relativement abordable puisqu’on trouve, dans une collection privée, la carte réclame
suivante : «L'épouse, Jules Jehin, née Prume, blanchisseuse, rue du Moulin, à des prix très
modérés» !
Les cartes porcelaine ont un
aspect tout à fait
caractéristique, blanc, lisse
et glacé, comme la
porcelaine. Imprimés par le
procédé de la lithographie,
les bristols sont auparavant
recouverts d’une couche de
céruse, autrement dit le
« blanc de plomb » ou
« blanc de Saturne », de
fâcheuse réputation.
D'abord assez simples, ces
cartes s'agrémentent ensuite
d'éléments décoratifs parfois
tarabiscotés. Les impressions
monochromes sont peu à peu
remplacées par des tirages en
couleurs, auxquels on ajoute de
l’or et des bronzes « extra fins à
nuance d’orange, de lilas, de
rouge carmin, de vert ou de
citron » fournis en poudre aux
imprimeurs.
Ces lithographies sont extrême-
ment intéressantes à une
époque la photographie est
encore balbutiante. Elles sont
souvent remarquables de
précision et assez fiables dans
le rendu de l'architecture.
C’est ainsi que l’on a une vue de la façade de l’Hôtel Faller, rue de la Sauvenière. Acheté par
la famille Leyh, il sera remplacé par l’actuel Hôtel Britannique. Autre exemple, l’Hôtel d’York,
toujours debout rue Xhrouet et longtemps siège de l’Académie de Spa.
Le musée conserve une bonne vingtaine de ces estampes. Il s’agit essentiellement de
publicités pour les hôtels, mais aussi pour les fabricants de jolités : « H. Bruno, rue Royal(sic),
peintre, fabricant d’ouvarges Vernis », « Fabrique et Magasin de boîtes peintes & vernies de
P. Gernay, fils, rue d’Orange à Spa », « E. Krins, fabricant d’ouvrages de Spa, rue Royale,
n°144 à Spa », ou celle, présentée plus haut, des peintres Louis et Emile Misson.
Elles mentionnent presque systématiquement le nom des imprimeurs-lithographes qui sont,
pour notre collection : les frères Hahn (Verviers), Thoumsin (Verviers), Van Marck (Liège), J.
Kirsch (Liège), mais aussi des firmes bruxelloises ou parisiennes.
Assez vite, on va se rendre compte que la production de ces objets est nocive, surtout pour
les ouvriers qui fabriquaient la céruse au risque d’être atteint de saturnisme. Rapidement
interdites, elles sont devenues rares et recherchées par de nombreux collectionneurs.
Dimensions : variables, moyenne de 10 cm de long x 8 cm de large
Epoque : 19
e
siècle
Technique : lithographie sur papier cérusé
Bibliographie :
Joseph, Marc, Spa en carte porcelaine, in Histoire et Archéologie spadoises, n°160, 2014.
Renoy, Georges, Bruxelles sous Léopold Ier. 25 ans de cartes porcelaine 1840-1865, éd. du
Crédit communal, 1979.
Sorgeloos, Claude, et Hellemans, Jacques, Pour une histoire des techniques et métiers du
livre en Belgique : brevets, machines et chimie sous Léopold Ier, in Cahiers du Cédic, janvier
2016.
http://org.kikirpa.be/lithographes/
© Musées de la Ville d’eaux
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