Le musée vir[us]tuel - 12
Vue du Mont St Michel, en
France dans la Basse
Normandie
Lavis à l’encre de Chine
attribué à Antoine le Loup
(1730-1802)
Le musée possède des
centaines de lavis à l’encre
de Chine datant du 18
e
siècle.
Ancêtres des cartes postales,
ces vues ont tellement de
succès que les fabricants de
jolités vont les intégrer sur les
coffrets, abandonnant ainsi,
vers le milieu du siècle, les
sujets chinois et les scènes
champêtres ou mythologi-
ques. La grande majorité
d’entre elles figurent des lieux
emblématiques de Spa et des environs ainsi que les lieux d’excursions des bobelins : Coo,
Remouchamps et Chaudfontaine, etc. Mais on trouve également un certain nombre de vues
de villes ou de paysages parfois fort éloignés du bourg de Spa.
Les archives spadoises, les carnets de croquis ou encore les albums « remis au net » prouvent
que, dès le début du 18
e
siècle, les dessinateurs spadois ont entamé des périples importants :
Charles-Denis de Beaurieux (1653-1741) et son cousin Renier Roidkin (1684-1741) firent
ensemble un voyage d’études en Italie ; Joseph Xhrouet (1711-1749) parcourut la
Rhénanie de même que Mathieu-Antoine Xhrouet (1672-1747).
Le plus productif de ces védutistes est sans conteste Antoine le Loup, fils de Remacle (auteur
de L’Enfer - voir capsule 1). Il est surnommé « le dauphin » mais on ne sait pas si c’est parce
qu’il habitait la maison portant cette enseigne ou parce qu’il était le digne héritier de son père,
le plus doué de ses 6 enfants.
Les petits paysages qu’il dessinait, majoritairement des tondos, constituaient véritablement
son gagne-pain. Voici ce qu’en dit Longrée, un quasi contemporain : « ces dessins étaient
enlevés par les étrangers au fur et à mesure qu’il les faisait ».
à Spa le 29 avril 1730, Antoine le Loup se marie en 1756 à Spa et décède le 1
er
frimaire
an 11, soit le 21 novembre 1802…à Spa. Rien n’indique qu’Antoine le Loup ait voyagé.
Sur les 128 dessins, signés ou attribués à Antoine le Loup, conservés au musée on trouve des
vues de Spa et ses environs, quelques vues de la province de Liège, d’Allemagne, de Suisse
et d’Italie, ainsi que des paysages imaginaires et des sujets de style néo-classique.
Puis il y a encore deux autres lavis vraiment étonnants : celui présenté aujourd’hui, le Mont St
Michel normand, et un autre « Vue du Mont St Michel en Angleterre dans la province de
Cornouaille (sic) »
D’où proviennent ces vues ? Si on les compare aux sites réels, on se rend vite compte
qu’Antoine le Loup ne les a pas vu « en vrai ». Alors, s’est-il inspiré des carnets de croquis
des générations précédentes, les Roidkin et Xhrouet évoqués plus haut ? Impossible de le
déterminer avec le peu d’éléments dont on dispose aujourd’hui.
Au risque d’être un peu longuette, laissez-moi vous dire deux
mots de la technique employée. Comme beaucoup de
Spadois, Antoine le Loup utilisait de l’encre de Chine qu’il
appliquait sur un morceau de vélin avec « la plume du
peintre ». Cette petite plume (3 cm calamus compris) très
appréciée par les enlumineurs au Moyen-Age est une plume
de bécasse. Il n'y en a que deux par oiseau, seule celle se
trouvant au pliant de chaque aile peut convenir.
Ces dessins étaient le plus souvent simplement encadrés mais
on les insérait aussi dans des boîtiers, genre bonbonnières,
comme nous avons pu le constater récemment avec la vente,
à Munich, d’un très bel objet présentant un lavis signé Antoine
le Loup et qui a trouvé preneur à plus de 15.000 € !
Dimensions : diamètre 90 mm avec texte en exergue
Epoque : 2
e
moitié du 18
e
siècle
Technique : lavis à l’encre de Chine sur vélin
N° d’inventaire : C0096a
Photographie : P. Charlier (2020)
Bibliographie :
Catalogue de l’exposition Remacle le Loup et son temps, Musée de la Ville d’eaux, 1974
Catalogue de l’exposition Dessins et lavis spadois 1559-1815, Musée de la Ville d’eaux, 1966.
Pour aller plus loin :
Vautier, Dominique, Tous les chemins mènent à Rome. Voyages d’artistes du XVIe au XIXe
siècle, Fonds Mercator, 2007.
© Musées de la Ville d’eaux
./..
Si vous désirez lire nos autres capsules Vir(us)tuel
Le Musée de la Ville d’eaux vous propose aussi…
Revue Histoire & Archéologie spadoises,
48 p., parution 3 x par an, 15 €
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?rubrique60
Prochaine exposition temporaire :
Destination Spa. Les plaisirs de la villégiature à la Belle Epoque
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?article448