Le musée vir[us]tuel - 11
Panneau de propagande anti tuberculose
Voici à nouveau un objet sans valeur artistique mais ô combien révélateur d’une époque.
Avertissement : la suite n’est pas très gaie…
Au 19
e
siècle, plusieurs fléaux minent la société européenne et plus particulièrement les
milieux urbains et modestes, nés de la révolution industrielle, surpopulation rime avec
malnutrition. Si, aujourd’hui, de nombreux organismes luttent contre le cancer ou la drogue, à
cette époque les ennemis se nommaient alcoolisme, rhumatisme, tuberculose…
La tuberculose, appelée également phtisie, consomption ou peste blanche, était une
redoutable faucheuse. Même si les historiens ont démontré que les taux de mortalité annoncés
alors étaient surestimés afin de distiller la peur et marquer les esprits, il n’en reste pas moins
que cette affection a fait plus de morts que le choléra.
Assez bizarrement, la tuberculose avait acquis une certaine dimension romantique. On
l’interprétait comme une maladie de langueur qui pouvait naître à la suite d’une peine de cœur
ou d’un chagrin d’amour. On ne peut s’empêcher de penser au roman La Dame aux camélias
publié par Alexandre Dumas en 1848. Cela nous ramène à Spa puisque Marie Duplessis, la
demi-mondaine qui a inspiré le personnage de Marguerite Gautier, est venue prendre les eaux
à plusieurs reprises entre 1843 et 1846.
En mars 1882, le chercheur allemand Robert Koch découvre le bacille responsable de la
maladie.
Il faut attendre 1896 pour qu’à Liège soit créé l’Institut provincial de bactériologie. Son
directeur, le docteur Ernest Malvoz, mène une campagne antituberculeuse qui aboutit en 1899
au vote par le Conseil provincial de la construction du premier sanatorium populaire à
Borgoumont. Il sera érigé entre 1900 et 1903.
En 1900, la Ligue nationale contre la tuberculose est fondée. C’est elle qui a édité le panneau
ci-dessus qui ordonne assez crûment aux passants de respecter les consignes de prophylaxie.
On retrouvait ces dernières un peu partout : sur les timbres-poste ou au dos des cahiers
d’écoliers, entre autres.
Bon nombre de lecteurs ont encore connu la fameuse « cuti » annuelle, organisée
systématiquement dans les écoles primaires pour détecter les enfants qui auraient été en
contact avec le bacille.
Tout cela semble bien loin…et pourtant cette maladie fait toujours des ravages. D’après
certaines études, une personne est infectée par le bacille de Koch chaque seconde. La
tuberculose tue deux millions personnes chaque année. Et, en Europe, elle est en
recrudescence depuis les années 1980.
Cracher en rue fait partie des interdits basiques de l’éducation mais, malheureusement, cette
manie aurait tendance à revenir « à la mode » aujourd’hui, à cause, notamment, des nombreux
athlètes qui expectorent lors des compétitions sportives.
Et dire qu’on crée ces capsules pour vous changer les idées … ! Allez, c’est promis, demain
ce sera « du très beau » !
Dimensions : 23,5 x 13 cm
Epoque : début 20
e
siècle (?)
Technique : impression sur acier galvanisé
N° d’inventaire : R1120a
Bibliographie :
https://www.carhop.be/images/Tuberculose_F.LORIAUX_2011.pdf
https://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1996_num_1996_1_1910
Peeters, Guy, Souvenirs spadois de Marie Duplessis, in Histoire et Archéologie spadoises, n°
93 (1998), 97 et 98 (1999), 102 (2000).
© Musées de la Ville d’eaux
Si vous désirez lire nos autres capsules Vir(us)tuel
Le Musée de la Ville d’eaux vous propose aussi…
Revue Histoire & Archéologie spadoises,
48 p., parution 3 x par an, 15 €
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?rubrique60
Prochaine exposition temporaire :
Destination Spa. Les plaisirs de la villégiature à la Belle Epoque
http://www.spavillaroyale.be/spip.php?article448