Le musée vir[us]tuel - 10
Jardinière en cristal de Louis Leloup
Si vous pensiez
que le musée
n’acquiert que des
objets anciens,
voici un objet qui va
vous détromper.
Il s’agit d’une pièce unique, réalisée en cristal par le Sérésien Louis Leloup, un sculpteur de
renommée mondiale. Nous y reviendrons…
Cette jardinière est entrée au musée en 1998. A cette époque, Marie-Thérèse Ramaekers
(1920-2015), l’ancienne conservatrice du musée, était amie avec Ghislaine Hanlet (1913-
2004), propriétaire de la branche belge de la célèbre firme de pianos connue par son slogan
« Le piano Hanlet chante et enchante… ». Cette amitié aura des retombées très positives pour
le musée puisque Mademoiselle Hanlet se révélera une véritable mécène comme elle le fut
pour de nombreux artistes belges contemporains.
Il s’agit donc d’un vase d’un look très particulier puisque, en proportion, la largeur de la pièce
ne fait qu’un sixième de sa longueur. Elle a une forme tellement étirée qu’on la dirait instable,
toujours malléable.
La technique employée a été mise au point par le maître verrier qui la décrit ainsi : « c’est du
cristal clair doublé rose avec des incrustations de couleurs différentes, appliquées à chaud.
Ensuite la pièce est dépolie par un bain d’acide, elle est ainsi satinée. Cette pièce est modelée
à la main sans aucun moule ».
Cette technique de « l’incrustation graphique », Louis Leloup l’utilise pour la première fois en
1987. Il a alors quitté la cristallerie du Val Saint-Lambert depuis quelques années pour cause
d’incompatibilité d’humeur avec le nouveau directeur qui s’opposait à l’esprit créatif de ce
surdoué. Et doué, il ne l’est pas qu’en ce domaine puisque, plus jeune, il a dû choisir entre le
cristal et l’art lyrique.
Talentueux, audacieux et opiniâtre, il ne cesse d’innover, maîtrisant comme personne la
matière en fusion, sculptant plus qu’il ne souffle la texture mielleuse du cristal à 1200°. Si vous
prenez le temps, vous serez sans doute subjugué par le - très long - film qui présente son
travail à l’atelier (voir ci-dessous).
Dans les années 1980, Jacques Daum, patron de la cristallerie de Nancy qui a produit des
œuvres signées Dali, Picasso ou César, lui dira : « vous êtes 25 ans en avance sur tout le
monde » !
En 1987, alors qu’il participe à la foire de l’art à Tokyo, il rencontre Shiro Otani, designer
japonais, qui lui achète toutes les pièces du stand en échange de l’exclusivité de l’artiste au
Japon. Dix ans plus tard, c’est la consécration, le « Louis Leloup Japan Museum » ouvre ses
portes à Kyoto. Il présente 600 œuvres de l’artiste belge sur trois étages.
Petite déception : il a été impossible de déterminer si cet artiste, en 1929, avait une parenté
avec les Leloup spadois…
Signature de l’artiste sur l’œuvre
Dimensions : longueur : 31 cm / largeur : 5,5 cm / hauteur : 15 cm
Epoque : 1993-94
Technique : cristal (poids 1.982 gr)
N° d’inventaire : U1017 (don de Melle Ghislaine Hanlet – 10/1998)
Photographie : P. Charlier (2020)
Bibliographie :
Brouwers, José, Louis Leloup, 50 ans d’art, éd. Delecour, 1997.
Pour aller plus loin :
https://www.sonuma.be/archive/antenne-soir-du-30121975
http://www.louisleloup.be/home.html (film de plus de 3 heures)
Compact disc « Louis Leloup - maître verrier - chante »
© Musées de la Ville d’eaux
Si vous désirez lire nos autres capsules Vir(us)tuel
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Revue Histoire & Archéologie spadoises,
48 p., parution 3 x par an, 15 €
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Prochaine exposition temporaire :
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